Bio

Tout a commencé par la découverte de photos et de souvenirs abandonnés.

Il y a quelques années, dans une décharge, je tombais sur une boîte à chaussures éventrée autour de laquelle gisaient de vieilles photos, du courrier, des gants et divers documents. Touchée, j’ai tout ramassé. Cette boite appartenait à une dénommée Odette Picaud. Elle ne m’a plus quittée.

            Depuis ce temps, je glane et collectionne les petits vestiges du passé, comme les curiosités. Des reliques, des collections, précieusement rangées. Mon univers chargé se compose des souvenirs des autres, inconnus, qui se mêlent aux miens. Des objets précieux ou anodins qui me parlent d’un temps que je n’ai pas connu, que je voudrais revivre, ou inventer.

            Mon travail autour de la mémoire s’est naturellement tourné vers la poupée, alors que j’attendais mon deuxième enfant. La petite fille grandissant dans mon ventre, m’a fait replonger dans le monde merveilleux et rassurant des poupées de mon enfance. J’avais besoin d’y revenir.

            Dans mon atelier, j’accumule en quantité les poupées en tous genres et de toutes époques qui sont délaissées, jetées ou que l’on me confie. Dans l’intention de leur faire raconter de nouvelles histoires, je les démonte, découpe, couds, panse, noue, recouvre d’étoffes et de dentelles anciennes et les pare d’objets amoureusement glanés.

            Par un long travaille de couture à la main, les poupées abandonnées renaissent en fétiches chargés de bonnes intentions, en personnages hybrides et étranges. Des reliquaires porteurs d’une mémoire commune ou des bannières païennes, pouvant, selon l’histoire de chacun, émouvoir, déranger, faire rire ou inquiéter. Mon travail évoque bien sûr la maternité et l’enfance, mais aussi la vie, la mort et la guérison.


Mon travail vu par Arnaud Le Gouëfflec, romancier, scénariste de bandes-dessinées, chanteur et musicien.

            « Sa matière première, Odette la trouve dans les greniers. De quoi s’agit-il ? De petits objets sans destination, de brimborions, de boutons, de jouets cassés, d’os ou de dentelles, de peluches sans tête, de médailles de Sainte Rita, qu’elle sauve de l’oubli et du temps. Tissus, matières organiques, cornes et branchages sont cousus, attachés, ficelés, momifiés : Odette compose son monde, où l’on trouve des poupées à la fois punk et vaudou, des objets magiques, des capes de deuil pour fantômes chinois, des costumes pour un carnaval qui bat son plein dans son imaginaire. Depuis quelques temps, Odette décline ses créations sous la forme d’une procession grandeur nature, où chacun est costumé, où les bannières brodées claquent au vent. Le pardon breton traditionnel se télescope avec les danses chamaniques de Sibérie, dans une fête sauvage et hybride.

Le monde d’Odette est une recréation du nôtre où éclate le tragique, l’inquiétant, le grotesque et le sublime, un humour subtil, et la poésie de la transgression. »